Rob Caggiano/Volbeat
Dans les coulisses du Download Festival
Guitariste et producteur, Rob Caggiano a notammé joué avec Anthrax, avant de rejoindre le groupe de metal danois Volbeat en 2013. La programmation du groupe au Download Festival en juin dernier coïncidait avec la sortie de leur sixième album studio, « Seal the Deal and Let’s Boogie ».
Pouvez-vous nous parler de vos influences et de votre parcours ?
Mes influences ? Je pourrais probablement parler de cela pendant longtemps ! J’ai écouté beaucoup de choses, mais je pense qu’en tant que guitariste, ceux qui m’ont le plus influencé sont Eddie Van Halen et Angus Young, dès mon plus jeune âge, jusqu’à aujourd’hui. Cela dit, il y a beaucoup d’autres guitaristes que j’aime et qui m’ont inspiré au cours des années, des gars comme Hendrix, Danny Gatton, Joe Satriani, Eric Johnson… de nombreux guitaristes !
Pouvez nous détailler votre manière de jouer, votre technique ?
Ma technique ? Je n’en ai même pas ! Je joue vraiment comme je le veux, donc je ne sais pas vraiment comment expliquer ce que je fais. Mais je peux tenter de l’expliquer avec mes propres termes et évoquer ma manière de penser quand je joue de la guitare. Vous savez, pour moi, tout tourne autour de ces deux questions : « comment cela sonne-t-il ? » et « est-ce que j’aime ce que je viens de jouer ? ». Le fait d’être producteur me permet aussi d’avoir une vue d’ensemble, concrètement. Par exemple, si je joue un solo, je ne vais pas juste jouer un solo, je vais essayer de donner un nouvel impact au morceau, de l’emmener à un autre niveau, en créant quelque chose de captivant, qui n’était pas là auparavant. Je pense que j’ai également un jeu très rythmique, parce que je joue aussi de la batterie et que j’ai grandi en jouant de la batterie ! Au lieu d’enchaîner les notes (ce que tout le monde peut faire !), j’aime créer mes solos d’une manière très rythmique, en pensant à la mélodie, en la soulignant. Tu peux t’asseoir dans ta chambre pendant des heures et faire défiler tes doigts de manière aléatoire sur la gratte, mais ça ne représente rien ! J’aime jouer quelque chose qui a du sens, ou du moins j’essaie de le faire !
Pouvez-vous nous jouer le riff de Mary Jane Kelly, qui figure sur le dernier album ?
On ne joue pas ce morceau en live et honnêtement, je ne l’ai pas écouté depuis que nous l’avons enregistré ! (Après avoir réécouté) Je ne suis pas accordé de la même façon. Là je suis en D, le morceau est une gamme au-dessus. Ce riff me rappelle celui de Fallen. C’est juste un accordage différent !
Pouvez-vous nous expliquer votre cheminement quand vous créez vos riffs ? Est-ce que vous choisissez une mélodie en fonction d’un rythme, en jouant dessus, ou bien vous essayez juste des choses en voyant si cela fonctionne ?
Non, c’est juste un feeling.
Vous imaginez un lick et vous le jouez ?
Oui, en fait, ce que j’aime faire quand je dois jouer des solos, à la différence de certains qui vont l’écrire, c’est juste le jouer de manière spontanée. Ecrire n’a jamais été mon truc. Par exemple, en studio, s’il y a un nouveau morceau et un nouveau solo, je vais attendre et le jouer une fois que tout le reste sera quasiment fini, que les voix seront enregistrées, ce qui me donnera une vue globale. La mélodie, le chant, même les paroles, pourront m’aider à créer le solo. Parfois, avec les paroles, je peux même doubler la mélodie du chant. C’est juste bien d’avoir le morceau complet pour jouer le solo, plutôt que de jouer des riffs de manière aléatoire. Au final, je vais jouer un solo, en essayer peut-être cinq différents, m’asseoir et écouter le morceau, et cela va commencer à avoir du sens pour moi. Je vais pouvoir réfléchir à une shape (« position ») pour le riff et une fois que je l’aurai, je l’enregistrerai pour de bon, c’est comme cela que j’aime faire. Mais je n’ai pas vraiment de technique, je ne vais pas créer un riff en me basant sur la théorie. Ce que je veux dire, c’est que je connais un minimum ce que je fais, mais en ce qui me concerne, je joue plus avec mon cœur. Une fois que je l’ai joué, est-ce que le solo va rester dans ma tête, est-ce que je vais m’en souvenir ? Parce qu’il y a tellement de grands joueurs de guitare, excellents techniquement, que beaucoup de jeunes ne pensent qu’à la technique. C’était mon cas aussi quand j’étais jeune, mais au final, si une fois que tu as fini ton morceau les gens ne se souviennent pas de ton solo, au moins un ou deux licks, tu n’as pas fait du bon travail ! Du moins, c’est mon opinion.
Pouvez-vous nous jouer l’un de vos licks préférés ? J’ai remarqué que vous utilisiez souvent la gamme pentatonique…
Oui, j’aime beaucoup la gamme pentatonique. Ce n’est pas vraiment de l’alternate picking, c’est un picking rapide et d’un coup, tu appuies plus avec ta main droite. Si tu joues une gamme pentatonique de cette manière (playing), et si tu le joues vite, c’est vraiment cool (playing).
Il me semble avoir déjà entendu ça dans Mary Jane Kelly !
Oui, je l’utilise probablement (playing). C’est quelque chose que je joue et que j’aime intégrer dans les morceaux !
Pouvez-vous le rejouer plus lentement ?
Je vais le jouer avec cette position (playing). C’est bizarre de jouer quelque chose doucement ! (Playing).
Un autre ?
Celui-ci ressemble au style d’Eric Johnson. Dans le picking, je pense qu’on appelle ça l’economy picking. C’est quelque chose que j’ai pas mal travaillé, et tu peux le jouer avec une gamme pentatonique (playing). Ce genre de chose… ou en changeant les positions (playing). C’est juste un style de picking que tu peux appliquer sur différentes gammes et notes.
Plus lentement ?
Oui (playing). En fait, avec celui-ci, je vais revenir en alternate picking (playing).
Avec votre main droite, vous jouez en aller et retour, en sweep picking…
Exactement ! Alors je ne sais pas comment vous l’appelez, moi je dirais plutôt « economy picking »… (Playing) Eric Johnson joue beaucoup ce type de licks. Joe Bonamassa et Franck Gambale également !
Parlons de votre équipement. Quelle est votre pédale préférée ?
Hmm… J’aime beaucoup l’Interstellar Overdriver, créé par la marque Death By Audio, une petite entreprise de Brooklyn. Je l’utilise beaucoup pour les solos. Concrètement c’est une pédale overdrive, mais c’est presque deux pédales en une, qui permet d’obtenir des tonalités vraiment sympas. J’utilise également une pédale de compression, comme la Dyna Comp, en amont, juste pour avoir un peu plus de percutant sur les notes. C’est à peu près tout !
Et votre ampli, c’est un Fryette ? Pouvez-vous nous parler de vos réglages ?
En fait, la marque s’appelait VHT, mais Steve Fryette en a changé le nom. C’est pour moi l’une des meilleures marques d’amplis. Le son est juste génial ! Tu peux presque fermer les yeux, toucher aux boutons au hasard, et ça sonnera quand même bien ! Le modèle que j’utilise est le Sig X. J’ai commencé à m’en servir quand Steve me l’a envoyé pour le Big Four Tour (avec Anthrax), et je l’ai aimé immédiatement. Le son était élevé et saturé tous les soirs : assez écrasant ! Il a également un son assez clair, qui marche très bien avec Volbeat, car il y a pas mal de morceaux clairs. Je l’aime, tout simplement ! C’est un ampli génial, avec lequel tu peux obtenir le type de son que tu désires : du British Vibe au métal moderne. C’est juste un super ampli. Je n’ai pas assez de mots pour le décrire !
Pouvez-vous nous parler de votre guitare ?
C’est mon modèle signature. Nous sommes actuellement sur le point de lancer ce modèle et nous allons encore ajouter ou changer quelques détails, donc je ne peux pas vraiment en parler. A la base, c’est une ESP Horizon (que j’ai adoptée en 1995-96), bien sûr avec certaines modifications : le corps est en frêne des marais (swamp ash). C’est le meilleur bois ! Ma première guitare était faite avec ce bois et le son était génial, donc on a recréé ce corps-là. C’est apparemment dur à trouver, mais ils en avaient en réserve et on a pu l’utiliser pour ma guitare, ce qui est bien ! La touche est en palissandre. J’aime l’aspect « sans repères ». Je les ai uniquement sur le côté du manche, et ils brillent dans le noir si on les éclaire avec une lampe juste avant le show, ce que mon technicien fait : vraiment cool ! Quoi d’autre…
Les micros ?
Oui, j’utilise mon modèle DiMarzio signature, développé avec Steve Blucher. Nous avons commencé avec le Tone Zone, l’un des micros que j’ai utilisés pendant longtemps, un micro génial. Donc nous avons commencé avec celui-là, et nous l’avons amené à un autre niveau, ou du moins je l’espère ! C’est un super micro, très bon également pour enregistrer en studio. J’aime le style Bolt-on (manche vissé). Je suis un grand fan du Bolt-on ! J’ai quelques guitares à manche traversant (neck-through), que j’aime bien aussi, mais pour moi le Bolt-on résonne d’une manière différente. Ça fonctionne très bien avec mon style de jeu et les morceaux que je joue.
Quelles cordes utilisez-vous ?
Du 10/52, les D’Addario Analyse Series. D’aussi longtemps que je m’en souvienne, j’ai toujours utilisé du 10/52 ! La plupart des morceaux de Volbeat sont accordés un ton en dessous, mais sur le nouvel album, il y a pas mal de morceaux en accordage standard, comme Seal The Deal et Mary Jane Kelly (accordés en A440). Comme la tension est manifestement plus forte quand la guitare est accordée plus haut, je suis en train de tester un tirant plus faible que mon jeu actuel (10/52), mais c’est seulement à l’essai ! Je n’ai pas joué de guitare en accordage standard depuis longtemps, parce que même avec Anthrax, l’accordage était rabaissé d’un demi-ton (Ré#).
Et le médiator ?
Un Dunlop Tortex medium : ni trop heavy ni trop light. Il me semble que c’est un 0,73 mm.
Quand vous enregistrez, quelle sorte de microphone utilisez-vous ?
Bonne question ! Manifestement, le microphone classique pour une guitare est le SM57. J’en suis sûr pour une raison : le son est extraordinaire ! J’aime le 57 pour les guitares, mais je le combine souvent avec un autre micro : soit un Sennheiser 421, soit un AudioTechnica 4050. Ça fonctionne très bien. L’astuce est d’avoir les deux microphones en phase tous les deux. Vu mon jeu, j’aime les avoir parfaitement en phase ! Pour les rythmiques, je me méfie de l’angle du baffle. Du coup, je mets le 57 dans un angle et le 421 dans l’autre, pour être totalement en phase. Pour les solos, c’est différent, je vais les traiter comme le chant, de la même manière que si j’enregistrais un chanteur. Donc souvent avec un 57, qui va être positionné plus vers le milieu du baffle, et qui va fonctionner avec un preamp Neve 1073 par exemple, couplé à un 1176, l’un de mes compresseurs vocaux préférés, vraiment polyvalent et formidable, que j’utilise le plus souvent juste pour la couleur (plus trop pour la compression). Parfois, il ne compresse même pas du tout, il va juste ajouter cette petite touche de magie au son !
Rob, merci pour votre gentillesse !
Ce n’est rien, je ne fais pas souvent ce genre de choses vous savez. Si j’avais su, j’aurais amené un ampli pour jouer un peu ! Mais nous avons pris l’avion depuis Nova Rock la nuit dernière, donc nous n’avons pas pu apporter notre équipement ! •
Concerts : le 5/11 à Genève (Suisse), le 14/11 à Bruxelles (Belgique) + 17 dates en Allemagne, Autriche et Angleterre du 4 novembre au 2 décembre.
Pour télécharger les partitions, il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous :