Natacha & Nuits de Princes
Au royaume des cordes
Emmené par la chanteuse et joueuse de balalaïka Natacha Fialkovsky, le groupe Natacha & Nuits de Princes réunit cinq instrumentistes, parmi lesquels deux guitaristes, Olivier Cahours et Pascal Storch. Natacha, Olivier et Pascal sont passés dans notre studio à l’occasion de la sortie de « Gamayun », leur nouvel album.
Formée au conservatoire Rachmaninov de Paris et dans les cabarets russes, où elle côtoie des musiciens russes et tsiganes, Natacha fait appel à des musiciens de divers horizons (jazz pour Olivier Cahours et le contrebassiste Thierry Colson, musique brésilienne pour Pascal Storch, ou musique populaire russe pour la joueuse de domra Natalia Trocina, issue du prestigieux conservatoire Gnessine de Moscou), afin de concrétiser ses envies d’ouverture et de rencontres. « C’étaient des mélanges qui m’intéressaient », explique-t-elle.
En passant par l’Asie centrale…
Autour de la balalaïka, cet « étrange » instrument à trois cordes (mi, mi et la – les deux mi étant à l’unisson), de forme triangulaire (peut-être parce que les paysans russes ne parvenaient pas à « faire l’arrondi » !), on retrouve donc la domra (sorte de « mandoline russe », descendant probablement, comme la balalaïka, du târ d’Asie centrale), la guitare à 7 cordes d’Olivier (accordée traditionnellement en sol dans la musique russe, mais qu’il utilise ici dans une configuration plus « standard », avec une septième corde grave en Si) et la « jazz manouche nylon » de Pascal (signée Jean-Pierre Favino), le tout solidement soutenu par les quatre cordes de la contrebasse.
Moitié oiseau-moitié femme
Cinquième album du groupe depuis sa formation au tout début des années 2000, le titre « Gamayun » renvoie à une « demi-déesse » ayant inspiré beaucoup de poètes (d’Alexandre Blok à Vladimir Vyssotski), sorte de sirène vivant dans les arbres, « moitié oiseau-moitié femme, et qui chante à qui veut l’entendre ». « Un petit clin d’œil pour revenir aux origines, et sortir de ces guerres de religion, pour dire que les choses sont quand même bien relatives… », explique Natacha. Dans la phase de préparation, tout le monde participe à l’élaboration du répertoire. « On suggère des morceaux, Olivier s’occupe beaucoup des arrangements… », précise Pascal. « Il y a aussi l’idée de construire… une espèce de thématique à raconter, donc un choix parfois qui s’impose », reprend Olivier. « Il y a des morceaux instrumentaux, des morceaux chantés, des pays différents, des langues différentes… », insiste Natacha.
Les deux guitares
Si la voix de Natacha fait en général autorité en matière de répertoire russe et tsigane, cela n’empêche pas certaines « hybridations », bien au contraire. Ainsi de Pouchkine, une chanson russe qui se retrouve en l’occurrence « brésilianisée ». « C’est tellement intéressant d’entendre du brésilien, et la domra d’un coup qui arrive là-dedans…, note Olivier. Je trouve qu’il y a une relation même avec le fado, la guitare portugaise, qui pourrait être une domra… Il y a des similitudes de son… C’est ça qui m’intéresse, le timbre de l’orchestre ». Pour illustrer la chose, le trio interprète Les Deux Guitares, un « classique » du genre, proposée ici dans une version réarrangée, avec des paroles originales de Vladimir Vyssotski. « Ce qui m’intéressait, c’était de penser aux mots, et de les réinterpréter », déclare Natacha. « On a un peu réharmonisé les accords, « bricolé », pour que ça change un peu, ajoute Olivier. Ce qui me fascine toujours dans la musique russe, c’est cette espèce d’accelerando, emmené par le groupe. » Il est temps de sortir les guitares, et d’ouvrir la partition !
Concerts : le 4 novembre (20h) à Vitry Fada/Vitry-sur-Seine (94), le 25 novembre (20h30) à l’Eglise Sainte Colombe/Chevilly-Larue (94), le 17 décembre (17h) à Espace Culturel Dispan de Floran/L’Haÿ-les-Roses (94).
Site : www.nuitsdeprinces.com