MARCUS KING

 

Marcus King

 

Une nouvelle étoile de la guitare

Originaire de Greenville, en Caroline du Sud, le jeune prodige Marcus King a fait un “carton” lorsqu’il est passé à Paris en novembre dernier. Guitariste, songwriter, chanteur, chef d’orchestre, Marcus fait preuve d’une maturité impressionnante. Il nous livre ici en exclusivité sur une guitare… française (signée Favino !) quelques riffs extraits de son nouvel album (le deuxième), simplement intitulé “The Marcus King Band”, paru à l’automne chez Concord/Universal, et repassera par Paris le 25 avril pour un concert à ne pas manquer au New Morning.

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Tu as réalisé ton dernier enregistrement avec Derek Trucks et Warren Haynes, qui sont venus jouer deux morceaux…
Oui tout à fait ! Warren a joué
Virginia et Derek Self-Hatred.

C’est la preuve que tu es reconnu par tes pairs !
Oh oui, c’est génial d’avoir travaillé avec eux ! Je les ai écoutés depuis que je suis tout petit, depuis que j’ai commencé à jouer de la guitare. Donc voir mes héros devenir mes pairs et amis a été quelque chose de dingue ! J’étais intimidé à l’idée de travailler avec eux, mais cela a été une expérience enrichissante et extraordinaire, et à la fois une leçon d’humilité.

Peux-tu nous-parler de tes influences ?
J’ai grandi en écoutant beaucoup de musique country & western avec mon grand-père, ainsi que du blues, auquel mon père m’a initié : B.B. King, Freddie King et Albert King… les “Three Kings”, Robert Johnson, Jeff Beck, Robin Trower, Hendrix bien sûr et Clapton. J’écoutais tellement de guitaristes tous les jours : Duane Allman et Dickey Betts… Ce n’est que plus tard que j’ai commencé à chanter, et tous ces chanteurs, ainsi que les chœurs qui accompagnaient ces guitaristes, m’ont inévitablement influencé… Donc tous les guitaristes que j’ai pu écouter ont également influencé ma façon de chanter !

Peux-tu nous parler de ta technique de jeu ? Notamment au niveau rythmique…
Tu sais, en grandissant, je n’ai jamais vraiment eu de technique particulière. J’ai appris à jouer avec un médiator, et par la suite j’ai toujours utilisé de petits médiators. C’est donc de cette façon que je joue, même si parfois je change pour jouer aux doigts. Ça dépend vraiment des guitaristes que j’ai pu écouter. Par exemple, si j’écoutais Danny Gatton, j’essayais d’utiliser mes doigts et de pincer les cordes, style finger picking. Si j’écoutais Hendrix ou Warren Haynes, j’utilisais le médiator. Donc ça dépendait vraiment… Concernant les autres techniques, j’ai commencé à étudier le jazz de manière théorique lorsque j’étais au lycée. C’est à ce moment-là que j’ai compris de quoi il s’agissait, ce que je jouais, avec le vocabulaire pour le nommer. J’ai pu mettre un nom sur les choses et acquérir une plus grande connaissance de ce que je pratiquais déjà, avant d’en découvrir de nouvelles…

Peux-tu nous jouer le riff principal de Virginia ?
Oh
Virginia, oui ! En live, nous le jouons toujours en le faisant “tourner”. Ce morceau-là est très influencé par Lynyrd Skynyrd, en particulier par le guitariste Ed King, qui a joué avec eux au début des années 70, une source d’inspiration pour moi pour ce morceau…

Peux-tu nous le rejouer plus doucement ?
Bien sûr ! Donc, on commence par aller de l’accord de Fa à l’accord de Sol. J’utilise mes doigts pour celui-là, ça donne plus de rebond et de relief, entre les cordes de Ré et de Sol, et la Mi grave. A l’ancienne !

Et l’intro de Radio Soldier ?
Celui-là, je le joue au médiator. Je ne sais pas du tout d’où m’est venue l’inspiration ! Un jour, le refrain m’est venu à l’esprit subitement, et le reste en a découlé. Je joue un Fa13 et j’enlève les doigts pour le turnaround. Et voici le riff principal…
Donc tu as un arpège de Si mineur 7, ensuite un Sol 7 et un Mi mineur. Et on revient au début (il joue).

Un autre ? L’intro de Jealous man ?
Là, je joue avec mon auriculaire et mon annulaire, pour créer un barré. Ça sonne comme ça (
il joue). Donc, tu as un Sol 7, un La mineur 7, je mets la neuvième ici en haut… J’aime bien mettre le si à l’aigu sur le La mineur 7. Je pense que ça sonne bien !

Plus doucement ?
Oui ! C’est également la conclusion du morceau. Pour le couplet, on a le même groove, mais en Si mineur 7 et en La mineur. Là, ça va être la conclusion… Cette note donne de la puissance et permet de faire sonner la guitare plus longtemps.

Merci ! Je voudrais parler de la relation entre accords et improvisation. Sur Thespian Espionage, un instrumental, tu improvises de manière très jazzy. Pourrais-tu nous montrer les accords et ta façon d’improviser ?
Ok ! Concernant l’improvisation, nous avons une fenêtre d’accords : 8 mesures en Do mineur. C’est la base. Après, un Fa mineur 7, puis un Mi bémol majeur, un Sol mineur, et un La bémol majeur. Cette séquence se répète. Le turnaround est sur Fa mineur, Mi mineur, Ré bémol majeur, Sol 7 (avec une neuvième bémol), après je reviens au début. Parfois, je rajoute (ou pas !) la neuvième sur le Do mineur. Quand il s’agit d’improviser, j’utilise beaucoup les gammes pentatoniques mineures, mais également le mode dorien. Et je rajoute la quinte bémol (
il joue). Ici, je la rejoue ! Et là… attends une minute ! Je joue également une couleur diminuée. J’aime vraiment jouer des phrases de type Donna Lee. J’adore jouer ça “hors contexte”. Chaque fois que je joue sur un accord mineur, j’aime utiliser des phrases dans le style de Scofield (il joue). Donc, tu utilises une pentatonique majeure avec une tierce bémol, ce qui nous donne une penta majeur de Mi bémol, vraiment cool à jouer ! C’est ce que je fais sur ce titre. C’est vraiment fun, surtout quand les cuivres se détachent. Je suis très fier d’avoir réussi à mettre sur un album cette ambiance de type “live”. J’ai écrit ce morceau quand j’étudiais le jazz au Fine Arts Center, dans ma maison en Caroline du Sud… Il m’a fallu 3-4 ans pour l’aboutir et l’enregistrer.

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Peux-tu nous jouer un blues en 12 mesures, avec tes accords ? Je veux dire “ton” blues. Comment l’interprètes-tu ?
Mon blues” ? D’accord ! Eh bien, si je dois jouer du blues, je vais généralement jouer avec des accords en Mi. En version acoustique, quelque chose comme ça… (rires).

Ça me rappelle Hear my train a comin’, de Jimi Hendrix !
Oh oui,
Hear my train a comin’ !

Peux-tu nous parler de ton équipement ? Utilises-tu des pédales ?
Je n’aime pas vraiment en utiliser. Personnellement, je me trouve distrait si trop d’options se présentent à moi. Mon esprit va commencer à se questionner sur le but de tout cela, qui est juste de jouer, au final ! Donc, j’aime avoir le minimum, le strict nécessaire : un Tube Screamer avec l’ampli Super Reverb et un atténuateur de puissance, que je règle un peu au-dessus de 7 heures. Selon la guitare avec laquelle je joue, je vais faire varier le gain entre midi et une heure. Et selon mes réglages, lorsque j’obtiens une distorsion totale de la part du Tube et des haut-parleurs sur l’ampli, je peux utiliser une pédale Wah Cry Baby, comme Jimi Hendrix, Frank Zappa ou Eric Clapton. Ils m’ont vraiment tous poussé à utiliser la Wah, j’en suis fan ! Pour un guitariste, avoir une pédale principale te permet de t’exprimer de manière plus approfondie, plus poussée. C’est pourquoi j’aime la Wah. Avec le Tube, ce sont les deux seules pédales que j’utilise !

Et concernant tes amplis ?
A la maison, j’utilise un Fender 65 Super Reverb Blackface et un 50, non pardon, un 101 Marshall avec des baffles 412 Marshall. Je les mets en stéréo, afin de combiner le signal strident du Marshall et celui plus doux du Super.

Quelle guitare utilises-tu ?
J’ai beaucoup utilisé ma SG, que j’ai trouvée dans une librairie quand j’avais 11 ans, “au milieu de nulle part”. J’en suis tombé amoureux ! Je m’en suis servi pendant de nombreuses années, comme guitare principale, puis comme guitare de secours lorsque j’ai repris celle de mon grand-père : une Gibson 345 de 62 ! Récemment, j’ai reçu un nouveau modèle de cette guitare de la part de Gibson. Du coup, je n’ai plus besoin de me déplacer avec la mienne. Prendre la route ou prendre l’avion avec ma guitare me rend nerveux, parce qu’elle a trop de valeur sentimentale à mes yeux !

Peux-tu nous parler de ton groupe et de ses membres ?
Je vais le présenter de manière chronologique. J’ai rencontré mon batteur Jack Ryan il y a environ 4 ans. Je suis allé dans un bar où il jouait. Je suis rentré et j’ai vu ce batteur… époustouflant, juste épatant ! Je me suis dit : “c’est mon batteur, je viens juste de voir mon batteur !” Plus tard, il m’a dit que nous nous étions déjà rencontrés, mais je ne m’en souvenais plus. Je suppose que j’avais vraiment besoin de le voir jouer pour me dire : “Wow !”. Nous jouons toujours ensemble depuis ce jour ! Après l’enregistrement de notre premier album, notre bassiste et notre pianiste du moment ne s’entendaient plus trop et nous ont quittés. On ne s’attend pas à cela après la sortie d’un premier album (
rires) ! C’est à ce moment que nous nous sommes mis à chercher un nouveau bassiste. Nous sommes allés écouter l’un de nos amis. Le bassiste de son groupe avait juste ce son vraiment tonitruant, avec également la capacité de jouer au médiator, comme Berry Ugly, et cette capacité à jouer de façon très versatile, avec également un son jazz/blues, comme Jack Bruce ou Berry Ugly. C’était Stephen Campbell ! Je suis donc allé voir mon ami, pour lui demander si nous pouvions récupérer son bassiste ! Il m’a répondu : “Oui !” Stephen faisait partie du groupe, avant même d’être au courant ! Au même moment, notre ancien pianiste, Matt Jennings, est revenu en Caroline du Sud, donc il nous a rejoints. J’ai toujours admiré son style de jeu. Il a une intensité et une dextérité certaines, qui servent beaucoup les morceaux. J’apprécie énormément son talent, son niveau technique et sa compréhension de ce que je recherche dans la musique… Justin Johnson, notre trompettiste, jouait avec nous de temps à autre, et lorsque qu’il a fini ses études et validé son diplôme, il a rejoint notre groupe a plein temps ! Une année plus tard, nous avons rencontré Dean Mitchell, notre saxophoniste. Je me rappelle la première fois que nous avons joué ensemble, à Asheville, en Caroline du nord. A ce moment-là, je me suis dit : le groupe est au complet ! C’est avec cet orchestre que nous avons enregistré notre dernier album et j’espère le garder pour les années à venir ! •