“Funk in France”
A la charnière des sixties et des seventies, Grant Green, jusque-là estampillé “guitariste de jazz” (tendance hard bop), est à la croisée des chemins. Il évoluera en effet vers un répertoire de plus en plus “funky”, délaissant la pulse ternaire de sa première période pour explorer résolument les voies du “binaire”. Resonance Records, qui nous avait régalés il n’y a pas si longtemps avec un splendide live de Wes Montgomery (“In Paris”), récidive avec le natif de Saint-Louis, en proposant pas moins de deux publications. La première (“Funk in France”, coffret 2 CD), éditée avec le concours de l’INA, illustre pleinement cette période de transition, en réunissant un concert en trio capté à la Maison de la Radio en octobre 1969 (avec Larry Ridley – basse et Don Lamond – drums) et des extraits de concerts en quartet (orgue/saxophone/batterie) donnés en juillet 1970 au festival d’Antibes. Les morceaux s’allongent, et les grooves à la James Brown pointent le bout de leur nez… La page est définitivement tournée quelques années plus tard, comme l’atteste le second document (“Slick !”), enregistré en quintet à Vancouver en septembre 1975. Les deux versions publiées d’Insensatez (Paris, 1969 et Vancouver, 1975) sont à cet égard édifiantes. On passe en effet d’un peu plus de 7mn (Paris) à 26mn (Vancouver). Comme d’habitude chez Resonance : travail éditorial et iconographie exemplaires. Jouissif !