L’irrésistible ascension
de Last Train
Après avoir remporté le tremplin des Inouïs au printemps de Bourges en 2015, le groupe mulhousien vient d’y ouvrir cette année pour Placebo, tout en signant son premier album en licence chez Barclay. Avant leur concert au Bataclan le 9 mai, on retrouve donc Jean-Noël et Julien, les deux guitaristes, pour évoquer l’enregistrement de « Weathering ».
Si le titre de leur album peut se traduire par « érosion », ne pas forcément y voir un message au premier degré (à chacun d’interpréter à sa façon, en en réécoutant par exemple attentivement la musique) ! Force est de constater, en tout cas, que Last Train est avant tout une histoire d’amitié et une aventure au long cours, en dépit de la jeunesse de ses membres. « Passionnés de belle musique », les quatre de Mulhouse continuent de développer une musique pleine de contrastes, où coexistent l’énergie brute du rock et une veine plus élaborée. La richesse de cette palette se retrouve d’ailleurs parfois même au sein des mêmes titres, qui jouent fréquemment sur l’alternance des dynamiques et des climats (« On joue très fort, et après tout s’effondre ! », explique Jean-Noël), façonnant l’identité musicale du groupe.
Une identité qu’il n’était pas question de « brader » pour l’enregistrement de ce premier album, dont les musiciens voulaient être « satisfaits à 100%, en donnant le meilleur d’(eux)-mêmes » (Julien). Et ce, malgré les « éléments pertubateurs » (tournées, sorties d’EP, périodes entrecoupées…), quand il ne s’agissait pas de conditions purement « matérielles », ainsi du studio en cours de construction dans lequel le groupe a enregistré. « Il faisait froid… on dormait dans la contrôle room ! ». « Je me souviendrai toute ma vie de cette histoire de réchaud à gaz, pas assez puissant pour faire bouillir l’eau des pâtes, reprend Jean-Noël. L’eau était plus ou moins tiède, on mettait les pâtes là-dedans, et il en sortait juste une purée… dégueulasse ! ». Au cours de ces deux ans-deux ans et demi sur lesquels s’est déroulé l’enregistrement, le groupe a donc affronté toutes sortes de situations, explorant des configurations « radicalement différentes » sur le plan technique. « C’est le groupe qui fait bloc, pas forcément les prod », précise Jean-Noël, en forme de devise.
Les deux nous détaillent ensuite leur matériel. Guitares Gibson (335, SG et 345), Marshall Plexi 18 watts, pédales Electro Harmonix (fuzz Big Muff, octaver Micro POG, reverb Holy Grail) et wah Cry Baby pour Jean-Noël, qui (comme Julien) utilise en fait deux amplis pour la scène : son normal dans l’ampli 1, et POG avec fuzz dans l’ampli 2. De son côté, Julien est « plutôt Fender » (Tele, Strat…), sans dédaigner Grestch (Black Falcon) ni Duesenberg, avec une prédilection pour le Vox AC 15 (« poussé à blinde ») en studio, et une config Fender Twin Reverb (son clair) et Fender Deville (son drive) en live. Sur son pédalier, une TS9 « faite maison », pour plus de drive, une reverb Electro Harmonix et un delay Memory Man. Pour conclure, les deux acolytes interprètent One Side Road (extrait de leur EP), un riff bien rock « dans un esprit un peu rebel » (Jean-Noël), avec un pont plus « psyché ». L’occasion de faire mousser trémolo, reverb et wah pour obtenir des sonorités « complètement insensées », en allant chercher « des petits trucs qui dérangent » (façon Way Out sur leur album).