KHALIL CHAHINE

Khalil Chahine

Kafé Groppi

Après une carrière d’accompagnateur derrière les chanteuses et les chanteurs (Diane Dufresnes, Jacques Dutronc…), Khalil Chahine bifurque vers la composition à la fin des années 80. Au fil des albums et des collaborations (pour la publicité, le cinéma ou le théâtre), le guitariste impose sa “patte”, toute de musicalité et d’élégance. Dans “Kafé Groppi”, son dernier opus en date (où il rend également hommage à sa mère disparue), Khalil évoque l’Egypte de son enfance.

Khalil Chahine


La poésie et la beauté


La musique a toujours un rapport avec la mémoire”, déclare Khalil. “Chaque fois que j’ai essayé de m’éloigner de l’Egypte, elle est toujours revenue, d’une façon ou d’une autre.” En l’occurrence, à travers le souvenir de ce Café Groppi, vieille “institution” cairote plus que centenaire, où se réunissaient artistes et intellectuels, Orientaux et Occidentaux. “C’est ça qui m’a inspiré, reprend Khalil. Il est plus intéressant de se quereller “sur la poésie et la beauté” que sur la politique ou la religion, qui divisent les gens.


Ojos de Cielo


Ce “principe de la rencontre” opère également dans le choix des partenaires avec lesquels le guitariste entend célébrer cette “conversation” et ce partage musical. On y retrouve ainsi de vieux complices, comme le batteur André Ceccarelli, le bassiste Kevin Reveyrand ou le saxophoniste Eric Seva ; des “classiques”, comme le joueur de cor anglais Jean-Pierre Arnaud, aussi bien que des “traditionnels”, comme Jasser Haj Youssef (au violon et à la viole d’amour) ; mais également des “compagnons de fortune”, comme le pianiste Christophe Cravero, intervenu dans ce projet au dernier moment. Pour “Ojos de Cielo” (surnom qu’un ami colombien avait donné à sa mère), Khalil “duettise” avec sa propre fille, Analuna Chahine (au violon), livrant au passage un des moments de grâce de cet album.


Sculpture sonore


Pour moi, la composition, explique-t-il, c’est vraiment dans la tête. J’essaie d’imaginer quelque chose qui m’intéresse. Je compare ça au travail d’un sculpteur. Je taille, je taille, je fais en sorte que ça ressemble à quelque chose, et puis après je polis, et à la fin je passe le papier de verre le plus fin possible…”. Idem pour ses improvisations à la guitare, au fil desquelles le musicien évite à tout prix “d’enchaîner les plans”. “Dans une conversation, on se dit des choses, et il vaut mieux qu’elles soient le plus poétiques possible. (…) Ce qui m’intéresse finalement, c’est d’apprendre la musique et d’essayer de m’améliorer.


Fender Man


Dans cette intrigue, la guitare continue néanmoins d’occuper une place centrale. “Sans la guitare, je pense que je ne serais pas musicien”, avoue l’artiste. Même si entre l’homme et l’instrument, les relations ne sont pas forcément “au beau fixe” : “Elle m’en fait voir de toutes les couleurs. On ne peut pas dire qu’elle me rende vraiment heureux, mais je m’accroche à elle, et un jour j’y arriverai !(Rires). Depuis quelque temps, c’est une Fender Telecaster qui a sa préférence. “C’est comme si j’avais découvert l’eau chaude !, plaisante Khalil. J’ai toujours cru que le monde était divisé entre les Gibson et les Fender, et que les Fender c’était pas pour moi ! Jusqu’au jour où j’ai découvert la Telecaster…”. Afin de parvenir à ses fins, le guitariste n’hésite pas à “assaisonner son menu” à l’aide de quelques pédales d’effets : wah wah (une RMX), distorsion (Amp Eleven de Lovepedal), harmonizer… Sur les traces du Band of Gypsys (“un disque qui m’a complètement terrassé quand je l’ai entendu pour la première fois à l’âge de 13 ans, en mai 1970”) ? Pas vraiment, puisque, au-delà des exercices d’admiration, Khalil poursuit son chemin, envers et contre tout.

Je restitue ce que je ressens vraiment profondément, c’est mon chemin musical”, glisse-t-il en guise de conclusion, avant de prendre congé avec Cinqué (deuxième plage de son album), interprété ici en solo.


En concert le 2 mars au Sunset (Paris)


 

Kafe-Groppi

 

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