JIMI DROUILLARD

 

 

photo jimi D 1 OUV 

Dans son nouvel album, Jimi Drouillard se lance sur des textes en français, une nouveauté et une évolution dans son parcours de guitariste. « Ça m’a coûté très cher, parce que je ne suis pas auteur ! », précise-t-il. Soutenu par une « équipe de choc » (Loïc Pontieux, Laurent Vernerey, Christophe Cravero, Thierry Eliez, Marc Berthoumieux…) agrémentée de quelques invités (dont Sanseverino), le gascon fait passer son message : « Changer d’air », avec un jeu de mots revendiqué entre « l’air qu’on respire » et « celui qu’on essaie de jouer » !

Le jazz et la chanson
Bien que l’univers de la chanson (Nougaro, Brel, Brassens…) lui soit familier de longue date, l’expérience de chanteur de Jimi est relativement récente. « 
Je suis un « bébé chanteur » ! Mais tu peux plus revenir en arrière… C’est formidable de chanter devant des gens. Ça fait un peu peur au début, mais après, c’est trop top ! ». Toujours est-il que ce souci de « la mélodie qu’on retient » alimente sa veine d’instrumentiste depuis un bon bout de temps. « Même quand je faisais des thèmes de jazz, c’étaient des chansons… ».
Pour ce « gascon bordelais » monté à Paris depuis 35 ans, tout a commencé avec un « vieux prof », Henri Martin, qui l’initie au classique et au jazz. Jimi découvre donc tout à la fois Ellington, Basie, Wes Montgomery, et Villa-Lobos, Tarrega, Bach… en même temps que Woodstock, Hendrix, les Stones… « 
Je peux très bien passer de Maurice Ravel aux Sex Pistols ! Pour moi c’est la même musique, déclare l’intéressé… J’aime tout dans la musique, il y a tellement de trucs merveilleux. »


Je peux très bien passer de Maurice Ravel aux Sex Pistols ! 


Bop, blues et Telecaster
Pas étonnant donc que ce « bluesman » qui aime aussi sérieusement taquiner le bop en revienne à la « rock music », spécialement pour cet album. « 
Je m’intéresse beaucoup aussi à la Nouvelle Orléans… Armstrong… au bluegrass, à la country, au blues… J’essaie de mélanger tout ça. Mêmes les musiques latines me passionnent. » Si Jimi joue aujourd’hui essentiellement aux doigts (« ça s’est imposé à moi avec grand plaisir »), il ne dédaigne pas saisir le médiator « quand ça devient extrêmement rock », pour attaquer son instrument de prédilection, la Telecaster, qu’il a découverte grâce au chanteur Klaus Blasquiz. « Quand tu as goûté à ça, tu ne peux pas revenir en arrière. C’est une guitare qui a une âme et une transmission du son – les cordes passent à l’intérieur du corps… je pense que Fender a inventé la guitare parfaite ! Ça parle tout seul ! »

Picoreur
Tous les premiers vendredis de chaque mois, Jimi a « carte blanche » aux Petits Joueurs (59, rue de Mouzaïa, Paris 19
e). Il y draîne « un genre de collectif avec plein de copains » (Pontieux, Vernerey, avec Cravero, Bidal ou Eliez aux claviers, mais aussi les batteurs Stéphane Huchard, Francis Arnaud, Nicolas Viccaro, le bassiste Kevin Reveyrand, le guitariste Jim Grandcamp…), pour jouer sa musique (notamment celle de son nouvel album), mais aussi, le troisième jeudi de chaque mois, proposer des « tributes » : Hendrix, Santana, les Stones, les Beatles, Creedence, aussi bien que Benson ou, tout récemment, Zappa (« Là, il y a du boulot ! »). Notre homme se définit lui-même comme un « picoreur ». On ne saurait mieux dire ! « Chaque fois que je vois un truc que je ne comprends pas, je vais picorer, essayer de m’imprégner, comprendre comment ça marche… Je chope des trucs dans chaque musique, pour me les approprier… ».


C’est formidable de chanter devant des gens.
Ça fait un peu peur au début, mais après, c’est trop top ! 


« Les rythmes changent, les mélodies restent… »
Si on le titille sur le blues, un de ses terrains de prédilection, Jimi ne tarde pas à réagir. « 
Le blues, il est franchement partout ! (…) C’est peut-être que les autres « bluesifient » moins que moi ! (rires) ». « Parmi les trucs qui m’ont apporté énormément, je bosse par exemple Happy Birthday. Ça, ça m’a appris le phrasé Nouvelle Orléans… Là ton accord, il est blues d’un seul coup ! C’est des trucs comme ça que je bosse… Les Blancs ont chopé le phrasé « new » pour la musique country, et à partir de là, la pop est arrivée. Donc si tu connais un peu ce phrasé-là, tu t’en sors toujours sur les accords… Je pense que c’est pas mal de revenir un peu aux fondamentaux, parfois. » Un état d’esprit que l’on retrouve dans son approche pédagogique (cf. sa méthode, « Les indispensables du guitariste autodidacte »). « Rien que d’apprendre le nom des notes sur la gratte, les élèves font des progrès énormes… ».
Pour en revenir à son album et « changer d’air en musique », l’artiste mise donc sur « la mélodie » : « 
C’est la mélodie qui m’intéresse, quelle qu’elle soit… Parce que les grands mélodistes, ils ont un truc en plus de tout le monde, c’est que la mélodie, tu la retiens ! » •

Site : www.jimidrouillard.com

Écrit par