ANTOINE BOYER & SAMUELITO

Coïncidence

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En dépit de leur jeunesse, Antoine et Samuel ont de qui tenir ! L’un vient de la guitare manouche, l’autre du flamenco. Cordes nylon contre cordes acier, Django et Paco en lignes de mire, les deux sont également rompus à la rigueur du classique. Adoubé par Roland Dyens peu avant sa disparition, ce duo flamboyant symbolise incontestablement le renouveau du paysage guitaristique.

Tous deux élèves de Gérard Abiton au Conservatoire de Paris, Antoine et Samuel se rencontrent pour la première fois sur scène au festival d’Issoudun en 2014. Cette première expérience sera déterminante. D’emblée, naît l’envie de poursuivre l’aventure, en continuant à jouer ensemble, afin de former un véritable duo. En juin 2015, sort un clip très prometteur, reprenant le Zyryab de Paco de Lucia. Les deux remportent ensuite un concours en Allemagne, leur ouvrant accès à l’enregistrement de leur premier album, au titre explicite : « Coïncidence ».

Samuelito comme Antoine ont la chance de bénéficier l’un et l’autre d’un milieu familial où la musique fait déjà partie du décor. « A la maison, on écoutait Django, Angelo (Debarre), Bratsch, des choses comme ça… », explique Antoine, qui commence la guitare en même temps que son père. Pour Samuel, l’influence d’un grand-père guitariste se fait sentir dès son plus jeune âge. A 7 ans, il se met à la guitare classique. « Dès le début, j’y passais des heures », confie-t-il. C’est grâce à l’exemple de Roland Dyens (« quelqu’un qui a fait le lien entre plein de choses, en particulier entre les standards de jazz et la guitare classique, j’adorais ! ») qu’Antoine abordera à son tour ce domaine, quelques années plus tard.

Entre-temps, les deux ne tardent pas à se nourrir de passions « parallèles ». La guitare manouche pour Antoine, qui sort en 2009 son premier CD/DVD, consacré à la musique de Francis-Alfred Moerman. D’albums en concerts, le jeune guitariste asseoit peu à peu sa réputation. De son côté, Samuel, stimulé par l’environnement familial, découvre le flamenco, qu’il abordera d’abord par les partitions (Montoya, Sabicas), avant d’accompagner le chant et la danse (« Pour comprendre, c’est essentiel ! »). L’un et l’autre perfectionneront ensuite la rigueur de l’approche classique de l’instrument auprès de Gérard Abiton.

Ce premier album en duo illustre l’étendue de leur palette musicale, aussi bien que leur grande complicité, qui éclate dans la musique comme dans la conversation (l’un commence une phrase… et l’autre la termine !). « L’autre, c’est notre miroir, mais aussi celui qui construit avec nous », note très justement Samuelito. Django Reinhardt (Nuages), Paco de Lucia (Zyryab), mais aussi Roland Dyens (Songe Capricorne) font partie des figures tutélaires que les deux guitaristes ne manquent pas de saluer (à l’unisson !). Pour le reste, une chanson de David Bowie (Life on Mars ?), et quatre compositions, de l’un (Sita) ou des deux (Double Sens, D’ici là…), ouvrent la perspective, superbement articulée, au point que les deux sons de guitare « n’en font qu’un », comme le souligne Samuel.

Concert : le 6 janvier à La Chapelle des Lombards (19 rue de Lappe, Paris 11e)

 

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