LORENZO DI MAIO

 

Lorenzo Di Maio

L’économie de l’intime

© Guillaume Kayacan
© Guillaume Kayacan

Jeune guitariste venu d’outre-Quiévrain, Lorenzo Di Maio publie son premier album sous son nom.
Les lignes épurées de « Black Rainbow » (Igloo Records), entièrement constitué de compositions, marquent l’avènement d’une nouvelle personnalité attachante dans le monde du jazz.

Issu d’une famille de musiciens, Lorenzo subit l’attrait de la musique dès son plus jeune âge. « La guitare, c’est arrivé un peu presque par hasard, c’est un cadeau de mon grand-père, et je n’ai plus jamais lâché l’instrument ! » Après un parcours classique, le jazz le séduit à l’adolescence, via le blues et ses relents électriques. « J’écoutais beaucoup de blues et le son de la guitare m’a interpellé, et puis j’ai compris aussi qu’il y avait des parties improvisées, et tout ça m’intéressait très fort. » Il étudie d’abord dans sa région, près de Mons, avant d’intégrer la section jazz du Conservatoire de Bruxelles, où il reçoit notamment l’enseignement de Paulo Radoni, puis de Fabien Degryse.

Le Conservatoire favorise les rencontres. Naissance des premiers projets : disques, petites tournées… « Ça s’est fait comme ça, au fur et à mesure », précise Lorenzo. Tout en poursuivant ses activités de sidemen, il se met à composer. « Au départ, c’était très instinctif, j’écrivais un peu de musique pour moi. Avec le temps, j’ai eu envie de m’exprimer un peu plus et de prendre un peu plus les choses en mains… ». Il y a deux ans, Lorenzo décide donc de former son propre groupe (dont cet album est la première émanation), en compagnie notamment du trompettiste Jean-Paul Estiévenard, un ami de longue date, et du batteur Antoine Pierre (partenaire, entre autres, du guitariste Philip Catherine).

Si dans le « panthéon guitaristique » de Lorenzo, quatre noms continuent de s’inscrire en lettres d’or (John Scofield, Bill Frisell, Wes Montgomery et Jim Hall), il reconnaît également d’autres influences, comme le batteur Brian Blade et son groupe Fellowship, le pianiste Aaron Parks ou le trompettiste Ambrose Akinmusire. Mais l’inspiration vient parfois de l’instrument lui-même, en l’occurrence cette magnifique Gibson 335 de 1968 qu’il ne lâche plus depuis trois ans. « Ça reste inspirant d’avoir la guitare dans les mains et d’avoir une idée peut-être plus précise du son et de la direction dans laquelle on peut aller… Chez moi, je joue beaucoup de guitare électrique non branchée… Travailler les dynamiques naturelles de la guitare, j’aime bien ça ! »

Partisan d’un jeu et d’un son épuré, Lorenzo utilise néanmoins quelques pédales sur scène, parmi lesquelles des overdrives, des delays et une reverb, ainsi qu’une petite boîte qui reste toujours allumée, signée Pico Pre, qui simule le préampli des Echoplex – à quoi s’ajoute « une grosse pédale de volume », dont le guitariste se sert pour gérer les dynamiques. « J’aime bien la musique qui suggère des images, reprend-il, l’inspiration vient souvent soit de films, soit simplement de paysages ou d’atmosphères…c’est entre ça et des sentiments qu’on connaît tous… un mélange de tout ça. » Quant à sa façon d’évoquer son style, « ça reste plutôt dans l’économie et dans l’intime ». Bienvenue !

 

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A retrouver en concert le 24/10 au Sunset (Paris), avec Chrystel Wautier Quintet.

Site : www.lorenzodimaio.com

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