Batlik
Les chemins de la création
Artiste atypique, Batlik a fêté ses 40 ans cette année, après avoir sorti à l’automne son onzième album, « XI Lieux ». Depuis ses premiers concerts en 2003 dans les bars parisiens, cet auteur-compositeur-interprète a fait son chemin, qui l’a mené jusqu’aux Francofolies, et à la reconnaissance de plus en plus large d’un talent et d’une écriture singulière dans l’univers de la chanson française.
C’est à Aubervilliers, au Studio de la Cuve, où il a enregistré et mixé son dernier album (et une grande partie des précédents), que nous reçoit l’artiste, qui fait partie de ces auteurs/compositeurs pour lesquels la guitare occupe une place centrale. « La voix ne peut pas se poser sans la guitare », avoue-t-il. Dans son cas, l’instrument joue même un rôle décisif dans le processus de création, véritablement « consubstantiel » à l’élaboration de ses chansons.
Sa découverte de la guitare sera néanmoins tardive (vers l’âge de 27-28 ans), sous l’influence, notamment, de la chanteuse Ani DiFranco. Son approche totalement autodidacte va déboucher sur l’emploi des « open tunings ». « Au début, je ne sais pas que la guitare a un accordage traditionnel, donc je pars de cette erreur… C’est quelques mois après qu’on me dit qu’un manche de guitare peut être accordé en Mi La Ré Sol Si Mi ! ». Mais l’habitude est prise et l’artiste y trouve son compte. Au point d’utiliser aujourd’hui une vingtaine d’accordages différents pour toutes ses chansons. Il faut donc avoir une bonne mémoire, surtout lorsque, comme lui, on n’écrit pas à la musique. « Quand c’est perdu, c’est perdu ! ». Aussi Batlik a-t-il fréquemment recours à la vidéo pour mémoriser accordages et positions.
Sur scène, l’artiste se déplace donc désormais avec pas moins de 6 guitares, pour éviter les réaccordages intempestifs. « Je remplis le camion de tournée à moi tout seul ! Les gars des salles ne comprennent pas… C’est un calvaire de transporter ces guitares, en même temps ça occupe ! », déclare-t-il, philosophe. En très bonne place dans son stock, les Yairi (dont 3 exemplaires du même modèle, pour faciliter le travail du technicien), des guitares qu’il affectionne pour leur fiabilité et leur efficacité en situation (« J’aime beaucoup cette marque-là, parce que je trouve que ce sont des guitares qui se comportent très bien sur scène. »), auxquelles s’ajoutent une Martin des années 90, une Guild, et quelques guitares ténor à 4 cordes (dont une Gibson pour la scène). « Je pense que tout tourne autour de la flemme !, reprend-il… Quatre cordes, c’est plus simple que six ! ». Un « adage » que Batlik rapporte à son style d’accompagnement, avant tout fondé sur les riffs. « Je vois la guitare comme une espèce de truc de rebonds, de riffs…, ajoute-t-il. Je n’arrive pas à la voir autrement Sans ça je deviens muet, je ne peux ni chanter ni parler, ni écrire. »
La voix ne peut pas se poser sans la guitare
« Je pense que j’ai un rapport à l’écriture musicale qui est le même que celui qu’aurait un débutant, poursuit l’artiste. Je cherche pendant des heures où mettre les doigts pour que ça sonne, et pour que le deuxième accord sonne… et à chaque fois que j’entends quelque chose qui sonne, je suis surpris ! » Une bonne manière de ne pas se lasser et de rester « dans la surprise de ce que la guitare te procure ». Une façon de procéder que Batlik transpose également à l’écriture des textes, et qui fait la part belle au hasard et à la sensation. « Je commence par le hasard, après ça se restreint, et les contraintes font que… », explique-t-il. Où l’on voit que « faire tomber une phrase » s’apparente alors étonnamment au fait de « plaquer un accord ».
L’artiste se produit souvent en trio (« J’aime bien l’aspect rythmique et le bas »), avec Benjamin Vairon (batterie) et Olivier Smith (contrebasse). Mais pour ce dernier album, il a choisi le format guitare-voix, sans toutefois s’interdire de rajouter quelques parties de guitare par-ci par-là. « C’est un constat de lâcheté ce disque, parce que j’avais voulu vraiment faire un guitare-voix, et puis j’ai pas osé ! », conclut-il en forme de boutade.
En concert au Café de la Danse (Paris) le 7 mars.
Tournée : le 11/3 à Coustellet (84)/La Gare, le 12/3 à Belvezet (30)/L’Arbousier, le 23/3 à Grenoble (38)/L’Ampérage, le 24/3 à Rumilly (74)/Le Quai des Arts, le 28/4 à Montreuil(93)/Maison Populaire, le 13/5 à Drancy (93)/Espace Culturel, le 20/5 à Louvigny (14)/Festival Full.