Folk Generation
Dans les années qui suivent, émerge une nouvelle génération de guitaristes (Pierre Bensusan, Alain Giroux, Cyril Lefebvre, Denis Gasser…), qui s’inscrivent dans le courant folk initié par le label Cézame, sur lequel Michel publie son premier opus en 1975. « J’ai eu la chance de rencontrer Marcel avant qu’il sorte son premier album, reprend-il, quand il donnait encore des cours de guitare… Au lycée, un copain un peu plus âgé avait commencé à m’apprendre… C’était vraiment la pleine époque de ce qu’on appelait le folk ! Mais en un trimestre, Marcel m’a fait faire vraiment un bond. Après, on a continué de se voir… Du fait du succès de son album, il ne pouvait plus assumer ses cours… Comme je faisais partie des élèves un peu doués, il m’a proposé de le remplacer. C’est ce qui m’a mis le pied à l’étrier ! »
J’ai eu la chance de rencontrer Marcel Dadi avant qu’il sorte son premier album…
En un trimestre, il m’a fait faire un bond.
Les années 80
« Il y a eu donc ces premiers albums chez Cézame, qui ont assez bien marché. J’avais publié une petite méthode pour débutants, qui faisait un peu la jonction avec celle de Marcel… Et il y a eu l’Olympia. Je faisais pas mal de premières parties de guitaristes qui venaient jouer en France à cette époque-là, comme Stefan Grossman, John Renbourn… Et après, dans les années 80, j’ai commencé aussi à accompagner des chanteurs, dont Philippe Chatel, qui était un fan de guitare… Dans les années 85 ou 86, Shadow a mis au point un convertisseur qui permettait de midifier les guitares acoustiques. Ça a été une révolution. Il y avait plein de choses à inventer. Artistiquement, c’était absolument passionnant… Ça m’a permis de faire pas mal de réalisations… Un des chanteurs avec qui j’ai beaucoup travaillé, c’est Gilbert Laffaille. On préparait tous ses albums à la maison, et on les rejouait ensuite en studio. Pour moi, ça aurait été impossible sans la guitare midi ! »
Avec le temps, plus ça va, plus je suis maniaque avec mes morceaux.
Maxime Le Forestier
« Les chanteurs avec qui j’ai vraiment collaboré de près, il n’y en a pas eu tant que ça. A chaque fois, ce sont des chanteurs ou chanteuses qui sont eux-mêmes guitaristes. C’est le cas de Maxime. Ma première collaboration avec lui, c’était à l’initiative de Jean-Félix Lalanne, pour une tournée qui s’appelait « Plutôt Guitare », où on était quatre guitaristes (j’inclus Maxime, parce que c’est réellement un vrai guitariste !) : Manu Galvin, Maxime, Jean-Félix et moi. On a fait toute une tournée et un album, purement acoustique et purement guitare. Rien n’était écrit, on était quatre à jouer, et chacun trouvait sa place. »
Le temps des rencontres
Dans les années 2000, avec trois amis guitaristes (Dominique Cravic, Chris Lancry et Gilles Finzi), Michel lance les « Paris Guitare Rendez-Vous ». « On a tenu pendant deux-trois ans… Chaque mois, il y avait une soirée à Paris, avec un invité principal et une première partie. On a reçu Don Ross, John Renbourn… Ça s’est arrêté, parce que ça nous prenait beaucoup de temps. » Michel renoue cependant avec le concept en 2015, en proposant un rendez-vous annuel. « J’en ai fait une au mois de décembre dernier, avec Peter Finger, Jacques Stotzem, et un jeune guitariste dont on va entendre parler, Antoine Boyer, un extra-terrestre. Et j’en prépare une autre pour le 5 décembre prochain, avec un jeune guitariste coréen, Sungha Jung, lui aussi un surdoué. L’idée, c’est d’inviter à Paris des guitaristes du monde entier. »
Entre Michel et Sungha, qui a maintenant une vingtaine d’années, l’aventure, née sur youtube (où le jeune surdoué s’était fait connaître en enregistrant notamment deux compositions de notre « frenchpicker »), a pris la forme d’une amitié au long cours. « Je pense qu’il y a beaucoup plus de gens qui ont entendu ces morceaux joués par lui que par moi, avoue-t-il ! Au-delà du fait que c’est très flatteur pour le compositeur, ça m’a aussi donné l’occasion d’aller jouer à Séoul. Comme il est très connu en Asie, les morceaux ont circulé un peu. D’autres gens se sont mis à les jouer. Ça a ouvert des portes… ».
« Depuis une bonne dizaine d’années maintenant, reprend Michel, je suis publié par un label allemand, Acoustic Music Records, animé par Peter Finger, un très grand guitariste, qui est devenu un ami… Je ne sais pas si c’est l’âge ou avec le temps, plus ça va, plus je suis maniaque avec mes morceaux. Je n’arrête pas de les remanier… Là je dois en avoir quatre ! Pour un album, il en faut quand même une douzaine… ».
En attendant son prochain album, on pourra donc réécouter « Héritage », le dernier en date, paru en 2013, ou suivre Michel en concert, notamment au festival d’Issoudun (du 28 au 30 octobre), pour un hommage à Marcel Dadi (disparu il y a tout juste 20 ans), ainsi que le 5 décembre à Paris, pour un nouveau « Paris Guitare Rendez-Vous ».
http://facebook.com/Michel-Haumont
www.acoustic-music.de
Retrouvez une séquence « technique », où Michel nous initie à quelques fondamentaux de son style dans la rubrique Pédago.
https://player.vimeo.com/video/169927159
Marcel Dadi
« Je l’ai beaucoup fréquenté, vraiment tout à ses débuts… J’étais fan absolu, et lui était très généreux. Il aimait partager, ça faisait vraiment partie, non pas de sa « mission », mais il pensait que c’était important, et il le faisait très bien. Et sur scène il était brillant, c’était une star de la guitare, réellement. C’est-à-dire pas seulement un très grand musicien, mais aussi quelqu’un qui partage et qui fait beaucoup pour faire connaître la guitare et attirer un nouveau public… On s’est toujours retrouvés avec plaisir, notamment quand il a créé le festival d’Issoudun, qui d’ailleurs lui rendra hommage cette année… Il a disparu évidemment trop tôt et brutalement. »
Modèle Lâg signature
« C’est une Lâg, marque française qui m’avait fait déjà un très beau modèle parlor, encore plus petit que celui-là. Et depuis maintenant deux ans et demi-trois ans, ils m’ont fait ce modèle-ci, légèrement plus large, et pour moi vraiment idéal, très équilibré. J’aime bien les manches larges, parce que ça laisse un peu plus de place, ça permet d’être plus à l’aise… L’écart entre les cordes au niveau du sillet de chevalet (l’entraxe) est également plus large que sur les guitares normales, là aussi ça permet plus de précision pour la main droite. Elle est en ovangkol, un très joli bois qui vient d’un pays africain (Namibie ou Tanzanie, je crois). Une jolie guitare, avec un système Fishman, standard et très efficace, dont je suis très content. »