La Chitarra in Italia / The Guitar in Italy, from the end of the eighteenth to the beginning of the nineteenth century.
LF Edizioni, Modena, Italia. Prix: 50€. Ce livre de 170 pages, bilingue (Italien/Anglais), format A4 et superbement illustré, est l’œuvre commune de trois luthiers, chercheurs et restaurateurs italiens: Lorenzo Frigani, Anna Radice et Tiziano Rizzi. C’est à la fin du XVIIIe siècle que la guitare a opéré sa transition vers le modèle à six cordes simples. Et c’est cet instrument émergeant qui est le sujet du présent ouvrage: vingt-cinq guitares produites entre 1794 et 1847 y sont décrites, analysées, mesurées et généreusement photographiées. Pour mieux cerner le sujet, la collection présentée a été regroupée selon quatre zones géographiques distinctes “où l’on peut constater, plus qu’ailleurs, un profond sens de l’innovation et un caractère géographique affirmé” – soit le Piémont, la Lombardie, la Toscane avec l’Emilie, et enfin la région napolitaine. Chaque région est présentée dans son contexte historique, géographique et culturel, permettant ainsi d’entrer dans le vif du sujet avec de bonnes bases – bien qu’une carte détaillée n’eut pas été superflue. C’est à la page 30 que l’on pénètre dans la galerie : voici une guitare de Carlo Guadagnini, 1797. Instrument fonctionnel, sans décoration superflue, il est décrit en une demi-page, et photographié sept fois : de face, de dos, en détails pour le talon, la tête et le cartouche, et aussi démonté : on voit ainsi le barrage de la table et du fond, les tasseaux, ainsi que d’inévitables traces de réparations. Et pour finir, un croquis détaillé avec toutes les cotes : environ 25 mesures précises, y compris l’angle tête/manche. Chaque instrument sera traité de la même façon, seules les photos de détails changeront selon les circonstances. Vers la fin du volume, une table regroupe toutes les dimensions relevées, permettant ainsi d’évaluer rapidement l’évolution des diapasons, des angles de tête, des dimensions de table, etc. Ce volume comblera le passionné de lutherie historique, mais pas seulement : car il y a aussi la surprise de découvrir des modèles moins “médiatisés” que Lacote ou Panormo, et un réel plaisir à observer ces portraits qui vont de l’élégance longiligne à des rondeurs bien affirmées, de la sobriété souveraine à l’exubérance décorative rappelant le siècle passé, et tous ces innombrables détails qui font de chaque instrument une pièce unique (ici une tête refaçonnée… façon Dali, pour accueillir une corde supplémentaire, là une autre percée d’un trou cerclé d’ivoire, certaines en forme de huit, d’autres cannelées, voire évidées, des boutons accroche-ruban placés en divers endroits, des plaques de touche qui gagnent du terrain, des barrettes qui montent, qui montent, une moustache qui se termine en ricanante salamandre…). Historique, technique, esthétique, le plaisir est multiple, et on ne se lasse pas de feuilleter ce très bel ouvrage élaboré avec un soin et une passion sans équivoque.
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